
La Division deux cent quarante fixe l’armement de sécurité des bateaux de plaisance de moins de 20 mètres. Tout se joue sur une notion simple en apparence : la distance d’un abri. Avant de larguer les amarres, il faut savoir dans quelle zone on navigue, et avec quel matériel réellement prêt à servir. La Division 240 parle d’obligations, mais surtout de logique opérationnelle, sauver une personne, alerter, retarder l’abandon, se situer, rentrer.
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La règle de base est l’éloignement d’un abri, avec quatre zones utilisées en plaisance. Les deux premières sont accessibles avec un permis bateau option côtière : la zone Basique jusqu’à 2 milles d’un abri et la zone côtière, de 2 à 6 milles. Les deux zones suivantes nécessitent l'extension hauturière (permis hauturier) : la zone semi-hauturière de six à soixante milles et la zone hauturière au-delà de 60 milles.
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Ce découpage conditionne la liste du matériel obligatoire, et c’est là que beaucoup se trompent, on achète “au feeling” sans recoller au programme de navigation.
Pour un chef de bord, l’avantage est clair, la réglementation donne une grille lisible. L’inconvénient, c’est la zone “intermédiaire” semi hauturière, très tentante sur le papier, mais exigeante en vrai. Entre six et soixante milles, on n’est plus dans la balade côtière, on doit prévoir une avarie sérieuse, une nuit dehors, une météo qui se dégrade, et donc du matériel en état, rangé au bon endroit, connu de l’équipage.

La Division 240 rappelle un point simple, la sécurité du bateau et de l’équipage est sous la responsabilité du chef de bord, et doit être adaptée au programme de navigation. En clair, le matériel prescrit est un minimum, et il ne sert à rien si personne ne sait le déployer.
Avantage, cette notion de responsabilité laisse de la place au bon sens marin. On peut compléter, une VHF même en navigation proche, des outils, des pièces de rechange, une couverture isothermique, un coupe circuit de rechange quand il est exigé, des batteries supplémentaires. Inconvénient, elle expose aussi à la mauvaise interprétation, “j’ai le bon matériel, donc je suis tranquille”, alors qu’un extincteur non vérifié, une pompe de cale jamais testée, une VHF sans MMSI programmé, c’est du matériel présent mais muet. Dans la pratique, l’approche la plus robuste est de raisonner en quatre capacités, sécuriser les personnes, communiquer une détresse, sécuriser le navire, se repérer et naviguer. Ce sont exactement les scénarios qui reviennent lors des accidents et des interventions.
Premier item concret, l’équipement individuel de flottabilité. La Division 240 le lie à la morphologie, et fixe des niveaux de performance. Jusqu’à 2 milles, on parle d’au moins 50 newtons. Jusqu’à 6 milles, au moins 100 newtons. Toutes zones, 150 newtons. Pour les enfants de 30 kilogrammes maximum, 100 newtons quel que soit l’éloignement. Et la Division invite aussi, débutants comme aguerris, à porter le gilet, pas à le laisser sous la couchette.
Deuxième item indissociable, le dispositif lumineux. L’idée est simple, pour être secouru il faut être vu. Une lampe étanche, une lampe flash, des bâtons de cyalume, un moyen lumineux individuel avec au moins six heures d’autonomie, et si possible assujetti au gilet. Avantage, ça se met en place facilement, et ça change la donne la nuit. Inconvénient, c’est typiquement le matériel qu’on oublie de contrôler, piles vides, étanchéité douteuse, fixation absente.
La Division 240 donne une place centrale à la VHF. Au delà de six milles d’un abri, une VHF fixe est obligatoire. En hauturier, une VHF portative étanche devient aussi obligatoire en complément de la VHF fixe. Et si la VHF dispose de l’appel sélectif numérique, elle doit être programmée avec le MMSI, et fournir automatiquement la position, afin qu’elle soit incluse dans l’alerte de détresse initiale.
Un autre point est martelé dans les évolutions récentes, tout navire équipé d’une VHF, fixe ou portable, doit rester à l’écoute du canal 16 quand il est à la mer. Avantage, la veille canal 16 permet de recevoir des appels de détresse, des messages de sécurité, des infos urgentes. Inconvénient, ça demande de la discipline à bord, et de l’énergie sur une portable, donc batterie pleine et solution de recharge.
En semi-hauturier, donc entre 6 et 60 milles d’un abri, la Division 240 prévoit une alternative simple à la pyrotechniques. Si vous avez une VHF à bord, le chef de bord peut choisir de ne pas embarquer les signaux pyrotechniques, en particulier les fusées à parachute et les fumigènes. Mais ce choix a deux conséquences très concrètes. Premièrement, la VHF doit être réellement opérationnelle. Installée, alimentée, testée avant le départ, et utilisable depuis le poste de navigation. Deuxièmement, l’équipage doit savoir s’en servir immédiatement. Passer un appel de détresse, donner l’immatriculation, la position, et rester à l’écoute. En situation dégradée, personne n’a envie de chercher la notice dans une bannette humide.
Quand la situation se dégrade, l’objectif est de retarder au maximum l’abandon. D’où les obligations sur l’assèchement, écope, seau, pompe à main, selon la configuration du bateau, et sur la lutte contre l’incendie, avec extincteurs adaptés et vérifiés. Ce matériel est souvent jugé ingrat, mais c’est celui qui fait gagner du temps.
Sur le volet navigation et repérage, la liste s’étoffe vite dès qu’on sort du côtier. Compas magnétique obligatoire avec critères précis, cartes officielles tenues à jour sur support papier ou électronique avec appareil de lecture, annuaire des marées selon la zone, documents comme le RIPAM et le balisage, matériel pour faire le point, livre des feux, dispositif de réception des bulletins météo. Avantage, ça structure une navigation autonome, même en panne d’électronique. Inconvénient, ça impose de tenir à jour, de protéger de l’eau, et de savoir utiliser sans improviser.
Et puis il y a le radeau de survie, obligatoire en semi-hauturier et hauturier. Sur le papier, c’est une ligne. En mer, c’est une logistique, emplacement, accessibilité, révision, formation minimale de l’équipage. Même logique pour la radiobalise EPIRB, non obligatoire en semi-hauturier, obligatoire en hauturier.
La Division 240 met en avant des pratiques qui génèrent des accidents. Exemple concret, le coupe circuit devient un sujet central pour les moteurs hors bord et les véhicules nautiques à moteur. Il doit être relié au poignet, à la jambe ou à l’équipement de flottabilité du pilote dès que le moteur tourne. La Division insiste aussi sur la présence d’un second coupe circuit accessible, utile si le pilote tombe à l’eau et qu’il faut redémarrer pour le récupérer. Avantage, c’est simple et efficace. Inconvénient, ça ne marche que si on le porte vraiment.
Enfin, il y a les engins propulsés par l’énergie humaine au delà de 2 milles, avec des règles de navigation en groupe de deux si aucun utilisateur n’est adhérent à une association agréée, et l’emport d’au moins une VHF portative étanche par groupe. Et les annexes, limitées à trois cents mètres d’un abri, avec des exigences qui changent dès qu’on dépasse cette limite, notamment moyen lumineux étanche et équipement de flottabilité par personne.