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Comment choisir son gilet de sauvetage en fonction de la réglementation, de la flottabilité et de l’usage nautique

Le gilet de sauvetage, désigné dans la réglementation sous le terme d’équipement individuel de flottabilité (EIF), constitue la première barrière contre le risque de noyade. Il a pour fonction de maintenir le porteur à la surface de l’eau et, selon son niveau de performance, d’assurer le retournement automatique du corps sur le dos afin de libérer les voies respiratoires, même en cas de perte de connaissance. Son efficacité dépend autant de sa conception que de son port effectif : un gilet non porté, même conforme aux normes, ne protège pas en cas de chute brutale ou inattendue. De plus, il en faut au moins un par personne à son bord.

Aide à la flottabilité et gilet de sauvetage : une distinction essentielle

Il existe une différence fondamentale entre les aides à la flottabilité et les gilets de sauvetage. Les aides à la flottabilité, généralement d’une flottabilité minimale de 50 Newtons, sont conçues pour soutenir une personne consciente sachant nager. Elles n’assurent pas le retournement du porteur et sont destinées aux activités nautiques pratiquées à proximité des secours. Les gilets de sauvetage, à partir de 100 Newtons, offrent une protection supérieure : ils maintiennent la tête hors de l’eau et retournent automatiquement une personne inconsciente, ce qui les rend indispensables dès que les conditions deviennent plus exigeantes ou que l’éloignement des côtes augmente.

Comprendre la flottabilité exprimée en Newtons

La flottabilité d’un gilet est exprimée en Newtons (N), unité qui mesure la force exercée pour maintenir un corps à la surface. Les normes européennes ISO 12402 définissent quatre grandes classes : 50 N, 100 N, 150 N et 275 N. Les gilets de 50 N constituent une aide à la flottabilité et ne garantissent pas la sécurité d’une personne inconsciente. Les modèles de 100 N sont adaptés aux eaux calmes et à la navigation côtière. Les gilets de 150 N sont aujourd’hui la référence pour la navigation hauturière de plaisance, tandis que les 275 N sont réservés aux conditions extrêmes et aux usages professionnels, notamment lorsque le porteur est équipé de vêtements lourds.

Le cadre réglementaire français (Division 240)

   

La réglementation française impose que chaque personne embarquée dispose d’un équipement individuel de flottabilité adapté à sa morphologie et à la zone de navigation. Jusqu’à 2 milles d’un abri, une aide à la flottabilité de 50 N peut suffire selon l’activité. Entre 2 et 6 milles, un gilet de 100 N minimum est requis. Au-delà de 6 milles, la flottabilité minimale exigée est de 150 N, assortie de l’obligation d’un harnais et d’une longe. Pour les enfants de moins de 30 kg, un gilet de 100 N minimum est obligatoire quelle que soit la distance d’éloignement. À ces exigences s’ajoute l’obligation d’un dispositif lumineux étanche d’une autonomie minimale de six heures dans certaines zones.

Choisir son gilet selon l’activité pratiquée

Le choix du gilet dépend étroitement de l’activité nautique. Les sports nautiques dits « humides », comme le kayak, le paddle ou la voile légère, privilégient des gilets en mousse de 50 N, résistants, simples et laissant une grande liberté de mouvement. La navigation côtière occasionnelle peut être compatible avec des gilets en mousse de 100 N. En revanche, la navigation hauturière, la pêche en mer, la régate ou la navigation en solitaire justifient le port permanent d’un gilet gonflable de 150 N ou plus, offrant une meilleure protection en cas de chute violente ou de malaise.

Gilets en mousse et gilets gonflables : avantages et limites

Les gilets en mousse et les brassière de sauvetage assurent une flottabilité permanente, sans mécanisme de déclenchement. Ils sont fiables, économiques et nécessitent peu d’entretien, mais leur encombrement peut limiter le confort et la mobilité. Ils sont ainsi bien adap­tés à la voile légère, aux cata­ma­rans de sport, à la planche au kayak...

Les gilets gonflables, quant à eux, se distinguent par leur compacité et leur confort. La flottabilité est assurée par une cartouche de CO₂ qui gonfle une vessie en cas de déclenchement. Ils sont plus coûteux et demandent un entretien régulier, mais leur ergonomie explique leur large adoption en plaisance et en navigation professionnelle. 

Les différents systèmes de déclenchement des gilets gonflables

Les gilets gonflables peuvent être à déclenchement manuel, automatique par pastille hydrosoluble ou automatique hydrostatique.

Le déclenchement manuel suppose une action volontaire du porteur et n’offre aucune protection en cas de perte de connaissance. Tous les gilets gonflables disposent d’un cordon de déclenchement manuel du gonflage.

Le déclenchement automatique par pastille de cellulose (de type : Pro-Sensor, UML, MK2 ou MK3) qui va se désin­té­grer au contact de l’eau pour déclen­cher l’ou­ver­ture de la cartouche de CO₂. Elle apporte une sécurité accrue, mais nécessite un contrôle régulier de la pastille et de sa date de péremption.

Le déclenchement hydrostatique (de type Hammar) repose sur la pression de l’eau et ne se produit qu’en cas d’immersion réelle, ce qui élimine le risque de gonflage intempestif sous la pluie ou les embruns.

En cas de non-déclenchement du gonflage automatique, les gilets disposent d’un dispositif pour être gonflés à la bouche.

Adapter la flottabilité au poids et à la morphologie

La flottabilité annoncée par les fabricants est calculée pour un porteur type de 70 kg. En pratique, l’efficacité du gilet varie selon le poids, la taille et les vêtements portés. Une personne légère bénéficiera d’une flottabilité relative plus importante, tandis qu’un porteur plus lourd ou équipé d'une salopette et d’une veste de quart devra privilégier un gilet de flottabilité supérieure. Le gilet doit également être correctement ajusté : sangles bien serrées, positionnement correct sur le buste et présence de sangles sous-cutales pour éviter toute remontée du gilet lors de l’immersion. 

Le cas particulier des enfants

Pour les enfants, la réglementation impose un gilet de 100 N minimum jusqu’à 30 kg, quelle que soit la zone de navigation. Le gilet doit être spécifiquement conçu pour leur morphologie, avec une sangle sous-cutale, une poignée de halage et des couleurs vives pour faciliter le repérage. Un gilet mal dimensionné ou trop grand perd rapidement son efficacité et compromet la sécurité de l’enfant.

Les équipements complémentaires indispensables

Un gilet de sauvetage peut être complété par des accessoires destinés à améliorer le repérage et le secours. Le sifflet est obligatoire à partir de 100 N, et la poignée de halage est requise dès 150 N. Les bandes réfléchissantes, les lampes flash étanches, les capuches anti-embruns et les balises de détresse individuelles constituent des compléments fortement recommandés, en particulier pour la navigation de nuit ou au large.

Entretien et contrôle des gilets de sauvetage

L’entretien régulier des gilets conditionne leur fiabilité. Un rinçage à l’eau douce après chaque utilisation en mer permet de préserver les matériaux. Les gilets doivent être stockés dans un endroit sec, aéré et à l’abri des rayonnements solaires. Les gilets gonflables exigent une vigilance particulière : contrôle des cartouches de CO₂, vérification de l’absence de corrosion, respect des dates de péremption des systèmes de déclenchement et remplacement systématique après tout déclenchement.

Choisir un gilet que l’on porte réellement

Le choix d’un gilet de sauvetage repose sur trois critères indissociables : le respect de la réglementation, à la zone de navigation, et l’adaptation à la morphologie du porteur. Au-delà des obligations légales, le gilet doit être confortable et pratique afin d’être porté en permanence. Vous ne serez pas verba­lisé si vous ne le portez pas sur vous en mer. En matière de sécurité en mer, le gilet le plus efficace n’est pas nécessairement le plus performant sur le papier, mais celui que l’on accepte de porter systématiquement.

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